Le dernier week-end de janvier, se tient la quête en faveur des personnes atteintes de la lèpre. L’an dernier un nouvel éclaireur voulait en savoir un peu plus sur l’origine de cette quête, il a donc questionné son chef de troupe …
Chef, depuis que je suis à la troupe ou presque j’entends parler de Raoul Follereau, et de la quête pour les lépreux. J’ai même entendu dire qu’il avait aidé les scouts d’Europe….
Oui, c’est vrai, c’était au tout début du Mouvement…. C’est grâce à Raoul Follereau qu’on a pu avoir nos premiers locaux. Et comme il venait de créer une Journée Mondiale pour les Lépreux, notre Mouvement s’est mis à son service pour aider les lépreux.
Alors la fameuse quête chaque année fin janvier, ça vient de là ?
Bien sûr ! Et c’est une immense BA ! Par ce service je peux te dire que notre Mouvement a fortement contribué à la diminution du nombre de malades dans le monde. Mais Raoul Follereau, ce n’est pas qu’une quête pour les lépreux fin janvier, c’est surtout un beau message de charité : quand il avait 15 ans, il avait voulu faire de sa vie une immense œuvre d’amour pour tous les pauvres gens du monde.
A mon âge… !!? Tu peux me raconter un peu ?
C’était en 1918 et il venait de perdre son père mort sur un champ de bataille… Il décide de donner une conférence dans sa ville à Nevers où il proclame que « Vivre c’est aider les autres à vivre ! ». Ça va être la devise de toute sa vie. Raoul Follereau devient avocat, journaliste, écrivain, mais il va faire aussi plus de 32 fois le tour de monde et donner plus de 3000 conférences pour partager cet idéal et aider les plus pauvres. C’est un excellent orateur !
Mais pourquoi les lépreux ?
C’est encore à cause de la guerre, la deuxième cette fois ! Avec sa femme Madeleine, il est réfugié en 1943 chez des sœurs près de Lyon et apprend que celles-ci ont un projet magnifique en Côte d’Ivoire pour délivrer des lépreux parqués sur une île. Lui-même en avait rencontré dans le désert avant la guerre, à l’occasion d’un reportage en Afrique, et il avait été choqué de la manière dont ces pauvres gens étaient rejetés et abandonnés. C’est décidé, il va aider les sœurs !
Et comment ?
Pendant 10 ans, Raoul Follereau va donner 1200 conférences à travers le monde pour dénoncer le scandale de la lèpre et faire connaître le projet des sœurs : il s’agissait de construire un village où la lèpre ne serait plus une malédiction, un village comme les autres où les lépreux seraient soignés comme tout autre malade. Ou ils seraient des hommes comme les autres ! Il a même un grand rêve : il veut sauver tous les lépreux du monde !
Mais c’est carrément impossible ?… Il est même pas médecin tu m’as dit ?
Et non ! Comme il aimait à le répéter, il n’était pas capable de les soigner, mais il pouvait au moins les aimer. Il disait que « sans l’amour, rien est possible, mais avec l’amour rien n’est impossible ». Raoul Follereau est d’abord un apôtre de la charité. Il croit en l’Espérance, avec cette certitude que seule la charité sauvera le monde. Quand il crée la Journée Mondiale de Lépreux, il veut avant tout que cette journée soit un immense rendez-vous d’amour avec ces mal aimés !
Et ça a suffi à sauver les lépreux ?
D’une certaine façon on peut le dire, car un immense élan en leur faveur est né. Raoul Follereau a su mobiliser les consciences, les esprits et les cœurs… et bien sûr les porte-monnaie ! Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, inlassablement, la Fondation Raoul Follereau continue d’organiser chaque année une campagne de sensibilisation à la lutte contre la lèpre, à faire appel à la générosité du public… et à nous mobiliser nous les scouts ! Cet élan ne s’arrêtera pas tant qu’il y aura des malades qui souffriront de lèpre et d’exclusion.
C’est pour ça aussi que fin janvier on a une fois de plus quêté pour les lépreux !… Il y en a encore beaucoup ?
Il y a eu beaucoup de progrès, beaucoup ont été guéri et ont retrouvé leur dignité. Mais on compte dans le monde un nouveau cas toute les 2mn…Une fois sur 10, c’est un enfant. Et malheureusement, un certain nombre d’entre eux sont déjà bien abîmés dans leur corps, et souvent dans leur cœur…
Et l’argent qu’on récolte, il sert à quoi ?
A dépister à temps les malades, à les soigner. Il faut former aussi des infirmiers, sensibiliser les populations, fournir le matériel nécessaire… Et puis quand les malades sont handicapés, il faut aussi une prise en charge adaptées, et surtout veiller à ce qu’il retrouve une place dans la société. Et tout cela a un coût : tu vois, par exemple, des chaussures spéciales pour des pieds mutilés coutent 12 € et il en faut 2 paires par an ! Un tricycle pour un handicapé guéri de la lèpre, c’est 260 €… Les lépreux ne doivent plus être abandonnés, ni demeurer des exclus ! Agir ainsi, c’est cela les aimer.
Mais qui s’occupe concrètement des lépreux, qui fait tout ça ?
Les bras armés de la charité ! C’est-à-dire des gens compétents et dévoués, souvent des religieux et religieuses, comme au temps de Raoul Follereau. Car ils ont toujours fait et font encore un magnifique travail sur le terrain, toujours fidèles dans ce combat long et difficile.